Edito, par Philippe Stoop,
Directeur recherche et innovation chez itk

La crise sanitaire actuelle a suscité une prise de conscience mondiale sur la fragilité de nos économies interdépendantes, et ses conséquences sur notre sécurité alimentaire. Pour l’agriculture, sa conséquence la plus évidente et consensuelle est qu’elle renforce les nombreuses voix, qui poussaient déjà depuis longtemps à une relocalisation des productions agricoles, pour des raisons économiques et écologiques, et pour les enjeux de souveraineté qui y sont liés.

L’agriculture a été un des premiers domaines pour lesquels l’Union Européenne a présenté, dès le 20 mai, les grandes lignes de son « Green Deal » pour une relance écologique de l’économique européenne[1]. Une telle rapidité parait de bon augure… mais, à la lecture des grandes lignes déjà présentées, on se rend vite compte qu’il ne s’agit en fait que de la mise en œuvre du programme « Farm to Fork » déjà en réflexion depuis longtemps. Or les priorités affichées ne montrent aucune prise en compte de la nouvelle donne dévoilée par le Covid-19… ni même aucune compréhension des évolutions récentes des enjeux environnementaux autour de l’agriculture ! Pour bien le comprendre, il faut d’abord rappeler en quoi la vision du rôle de l’agriculture dans les enjeux écologiques a évolué pendant les 20 dernières années.

 

L’agriculture et les deux écologismes

Par écologisme, nous entendons ici les propositions politiques basées sur les enjeux de l’écologie (au sens de la discipline scientifique). Sous l’effet des avancées scientifiques de l’écologie, l’écologisme politique est partagé entre deux tendances de plus en difficiles à concilier :

– un écologisme « localiste », très mobilisé contre les nuisances environnementales de proximité générées par les activités humaines : pollutions physiques (particules fines) et chimiques générées par les industries et les transports, effluents des activités humaines dans les eaux et l’air, et, pour ce qui concerne l’agriculture, les pollutions diffuses générées par la fertilisation et l’emploi des pesticides, ainsi que la réduction de la biodiversité générée par l’uniformisation des paysages agricoles. Ce courant a été très largement dominant au niveau politique pendant les années 80 à 90.

– Un écologisme « globaliste », dont la figure la plus médiatique est bien sûr Greta Thunberg : tourné vers les enjeux planétaires, ce courant ne cesse de prendre de l’importance depuis les années 2000. Son moteur majeur a d’abord été la prise de conscience du changement climatique, qui a montré que les gaz à effet de serre avaient des effets sur l’ensemble du globe, et non seulement sur les pays émetteurs. La prise de conscience de la chute de biodiversité globale a joué dans le même sens : certes, elle est provoquée par des pratiques locales de déforestation ou de dégradation des habitats naturels ; mais ces destructions sont souvent produites dans les économies en développement pour répondre aux demandes d’aliments ou de bois des pays développés : il s’agit donc bien de problèmes dont la solution doit être cherchée au niveau global.

Dans un premier temps, ces préoccupations globalistes se sont simplement ajoutées à l’agenda des organisations écologistes. Mais il apparait de plus en plus qu’il peut y avoir des contradictions, en donc des arbitrages à faire, entre ces deux niveaux de raisonnement. Le cas de l’agriculture est particulièrement emblématique de la difficulté de trouver un équilibre entre ces deux approches.

  • Dans l’optique « localiste », l’intensification de l’agriculture ne présente que des inconvénients : elle conduit à réduire la biodiversité dans les champs, en y éliminant (que ce soit par des moyens mécaniques ou chimiques) pratiquement toutes les espèces végétales autres que l’espèce cultivée. De ce fait, que l’on utilise ou non des pesticides, elle réduit fortement la biodiversité animale, qui, dans n’importe quel écosystème naturel ou artificialisé dépend très fortement de la biodiversité végétale. Elle demande des quantités élevées d’engrais (organiques ou synthétiques), ce qui n’est pas forcément un problème environnemental si ces engrais sont bien absorbés par la culture, mais accroit tout de même les risques de pertes dans l’environnement si les doses ont été mal calculées, ou si le temps après l’apport s’avère défavorable à leur assimilation par la plante. Enfin, les pesticides, même raisonnés les plus finement possible, ont inévitablement des effets indésirables sur la faune non cible.
    Cette approche localiste s’est imposée facilement à un moment où les enjeux de la production agricole globale paraissaient peu préoccupants : après les inquiétudes prématurées provoquées par le Club de Rome au début des années 70, la forte croissance de la production alimentaire mondiale (multipliée par 3 depuis 1970, alors que la population a « seulement » doublé dans le même temps) avait atténué les inquiétudes sur ce sujet. Dans une Europe qui avait oublié depuis longtemps ce qu’était une famine en temps de paix, l’agriculture intensive est donc devenue un repoussoir condamnable sans appel. Cela d’autant plus facilement que l’Union Européenne, et particulièrement la France, s’était persuadée que sa Politique Agricole Commune (PAC) lui avait assuré son autonomie alimentaire… en oubliant complètement qu’elle dépendait massivement des importations pour les protéagineux et les oléagineux ! La conséquence de ce point de vue localocentrique a été une diabolisation systématique des intrants agricoles, que leur usage soit agronomiquement justifié ou non.

 

  • Dans l’optique « globaliste », une forte productivité agricole dans les pays riches et densément peuplés comme l’Union Européenne présente au contraire un certain nombre d’avantages :
    • Elle améliore leur autonomie alimentaire, réduisant ainsi leur demande alimentaire assurée par des déforestations dans les pays en voie de développement, et les émissions de GES générées par l’importation de produits agricoles
    • Elle peut permettre le développement de biocarburants, qui améliorent le bilan carbone de leurs économies
    • Elle permet l’incorporation de biomasse agricole dans le sol, la principale voie réaliste de séquestration de carbone au niveau mondial (ce qui, en passant, permet aussi de restaurer les sols agricoles appauvris en matière organique : un double bénéfice environnemental).

Bien entendu, le niveau de productivité de l’agriculture européenne doit être orienté en recherchant le meilleur équilibre entre productivité, bilan carbone et biodiversité. Mais il faut pour cela tenir compte des effets globaux, et non seulement locaux. Si une mesure agroenvironnementale prise en France ou en Europe a pour effet de faire baisser les rendements, elle devrait être compensée écologiquement, soit par une augmentation équivalente des surfaces productives en France ou en Europe, soit par une baisse équivalente de la demande alimentaire. Sinon, elle aboutit seulement à externaliser notre « empreinte sol » auprès de pays tiers comme le Brésil, l’Argentine ou l’Indonésie (l’ADEME rappelait dans un rapport récent que la France ne produit sur son sol que 35% des bioressources qu’elle consomme[2]).

Face à ce nouveau dilemme, les partis politiques écologistes peinent à se positionner clairement. Il est vrai que la ligne « localiste », la seule bien perçue par le grand public actuellement, est la plus confortable sur le plan électoral : elle n’impose des contraintes et efforts économiques qu’aux agriculteurs, sur les suffrages desquels l’écologisme politique ne mise pas particulièrement. Les ONG ont des attitudes plus diversifiées et nuancées. Greenpeace reste l’archétype de la ligne purement localiste, avec toutes ses contradictions : refus de l’agriculture productive et des techniques associées (pesticides, OGM), glorification de l’agriculture bio, refus des biocarburants de 1ère génération, et « en même temps » dénonciation des « importations de déforestation », … pourtant clairement aggravées  par toutes ses autres exigences[3]. D’autres organisations, comme la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH, ex Fondation Nicolas Hulot) ont un discours plus moderne et équilibré, apparemment plus cohérent avec les évolutions récentes des connaissances scientifiques. Toutefois, quand il s’agit d’arbitrer des choix politiques, le naturel localiste revient vite au galop, comme nous le verrons dans la suite.

Une des approches méthodologiques les plus équilibrées à ce jour est celle de l’IDDRI (Institut pour le Développement Durable et les Relations Internationales), qui a publié en 2018 le rapport « Une Europe agroécologique en 2050 : une agriculture multifonctionnelle pour une alimentation saine »[4]. Certes, le travail réalisé dans ce rapport ne peut être qualifié d’équilibré, puisqu’il n’a testé qu’un seul scénario, reposant sur des postulats très localistes (refus de principe de l’agriculture productiviste, avec en particulier la suppression des pesticides et des engrais de synthèse), et avec des estimations parfois très optimistes des paramètres retenus en faveur de ces choix (par exemple un rendement des céréales bio estimé à 75% des céréales conventionnelles, alors que ce ratio est plutôt inférieur à 50% en France, un des plus gros producteurs de céréales[5]). Mais ce travail a le grand mérite de rappeler qu’une politique agroécologique n’a de sens que si elle se fixe des objectifs ambitieux non seulement sur les pratiques agricoles, mais aussi sur les habitudes alimentaires des citoyens :  c’est bien l’équilibre entre l’offre alimentaire des agriculteurs, et la demande des consommateurs, qui va fixer le bilan carbone et l’empreinte alimentaire de la France ou de l’Europe. Même si le scénario proposé par l’IDDRI est très discutable, il fixe au moins un cadre de réflexion scientifique exhaustif et objectif, qui devrait s’imposer pour toute proposition de politique agroécologique responsable.

 

Le « Green Deal » agricole : une politique de décroissance agricole clairement annoncée

Où se situe le « Green Deal » européen dans ce débat ? Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais les grandes lignes annoncées ne sont guère rassurantes. Examinons les mesures phares annoncées au grand public[6] :

  • Pour les pesticides : réduction de 50% d’ici 2030 « de l’usage et du risque des pesticides chimiques», et de « l’usage des pesticides les plus dangereux »
  • Pour les engrais : une réduction d’au moins 50% des pertes dans l’environnement, et une baisse de leur usage de 20% d’ici 2030
  • Pour les antibiotiques utilisés en élevage et aquaculture, réduction de 50%
  • La seule chose qui augmente est bien sûr l’agriculture bio, que l’UE veut amener à 25% de la surface agricole en 2030.

On retrouve bien là le mantra anti-intrants systématique de l’écologisme localiste, sans aucune réflexion sur le niveau d’intrants nécessaires pour maintenir, voire renforcer, le potentiel de production agricole. Pour les pesticides, le discours est trop flou et ambigu (pourquoi le glissement entre risque et danger entre les deux mesures proposées ?) pour en estimer l’impact potentiel sur la production. On peut toutefois rappeler que, dans le cas de la France (qui est dans la moyenne européenne pour sa consommation de pesticides), l’INRA avait estimé dans son rapport Ecophyto R&D qu’une réduction de 50% de leur usage entraînerait une perte de production de 12%[7].

Pour les fertilisants, la 1ère proposition va dans le bon sens, celui d’un meilleur raisonnement de leurs apports : cela ne peut avoir que des effets positifs, aussi bien sur le plan environnemental qu’économique, puisque cela implique de réduire les gaspillages d’engrais. Par contre, le 2ème objectif (réduction de 20% des quantités employées) a de quoi consterner les agronomes. En effet, depuis la Directive Européenne Nitrates de 1991, les apports d’azote sont plafonnés dans les zones dites vulnérables aux nitrates. Les doses maximales autorisées y sont calculées de façon assez restrictive en fonction des besoins agronomiques, calculés d’après les historiques de rendement des parcelles. Dans ces secteurs, qui représentent une large majorité des régions les plus favorables aux grandes cultures, les doses d’azote sont donc déjà fixées réglementairement à un niveau plutôt inférieur à l’optimum technique. Réduire ces apports de 20% provoquera donc une baisse de rendement du même ordre de grandeur, sans aucun bénéfice environnemental par rapport au 1er objectif sur les pertes de fertilisants, puisque ce sont ces seules pertes qui provoquent des pollutions diffuses. Quant à la fertilisation de fond potassique et phosphorique, dont les montants doivent être calculés de façon plus complexe à l’échelle de la rotation, une réduction systématique et non différenciée a encore moins de sens. La seule logique est qu’il est vrai que, si la baisse de 20% de la fertilisation azotée fait chuter les rendements de 20% comme on peut le craindre, la fertilisation de fond pourra à terme être réduite d’autant…

Enfin, amener l’agriculture bio  à 25% des surfaces agricoles implique de faire passer environ 17% de la surface agricole à un mode de production qui provoque des pertes de rendement moyennes de 30% (selon les estimations les plus optimistes), ce qui représente au global une chute de production supplémentaire d’au moins 5%.

Le Green Deal prévoit-il une mesure de compensation à l’ensemble de ces pertes de production agricole ? Pas un mot en tout cas sur une éventuelle augmentation des surfaces agricoles. Quant à une action pour faire baisser la demande alimentaire des citoyens européens, le plan se fait beaucoup plus évasif : on parle certes d’étiquetage pour orienter les consommateurs vers les aliments les plus sains, mais a du mal à croire que cela suffise à changer significativement leurs habitudes alimentaires, et en tout cas aucun objectif chiffré n’est fixé. De même, des actions pour réduire le gaspillage alimentaire sont annoncées, avec certes des objectifs chiffrés… mais qui seront définis en 2023, alors que ceux imposés aux agriculteurs sont déjà gravés dans le marbre.

 

Encore un effort pour être vraiment écologiste !

Les objectifs fixés aux agriculteurs dans ce « Green Deal » ressemblent fort à un double élargissement de la démarche initiée en France par le plan Ecophyto : extension géographique à l’ensemble de l’Union Européenne, et transposition aux engrais des principes appliqués aux  pesticides depuis 10 ans en France, avec l‘échec que l’on sait. On y retrouve les mêmes objectifs arbitraires et indifférenciés de réduction des intrants, sans aucune réflexion sur leur niveau d’emploi  agronomiquement justifié, afin de maintenir un niveau de production agricole souhaitable. L’extension de ce principe aux engrais fait sauter le dernier verrou réglementaire basé sur des raisonnements agronomiques, la directive européenne sur les nitrates de 1991. Elle consacre ainsi la victoire totale de l’écologisme localiste, au moment où cette idéologie entre de plus en plus en contradiction avec les objectifs d’écologie globale affichés par ailleurs dans la lutte contre le changement climatique. En effet, ces décisions ne sont accompagnées d’aucune évaluation de l’effet prévisible de ces mesures sur la baisse de productivité agricole européenne. Comme par ailleurs elles ne sont assorties d’aucune mesure sérieuse et contraignante pour changer les habitudes alimentaires des Européens, et donc diminuer leur empreinte alimentaire, ce Green Deal ne peut qu’augmenter la dépendance de l’Europe aux importations alimentaires. De quoi aggraver encore les « importations de déforestation », dénoncées par ailleurs par les ONG environnementalistes.

Certains commentateurs, résolument optimistes, ont fait remarquer que l’avantage de ce Green Deal, pour l’agriculture française, est qu’il mettra fin à la perte de compétitivité intra-communautaire que la France s’était auto-infligée, en nivelant par le bas la production agricole de toute l’UE[8]. C’est effectivement une façon de positiver les choses, mais cela ne fait que déplacer le problème. Si ce ne sont plus l’Allemagne et l’Europe de l’Est qui pallieront le déficit de production français, ce seront la Russie, le Brésil ou les Etats-Unis qui prendront le relais pour combler le déficit alimentaire européen : des pays qui ne sont guère réputés pour leur sensibilité écologiste, qu’elle soit localiste ou globaliste…

On peut également s’étonner de l’ambition de l’objectif de développement de l’agriculture biologique (25% des surfaces en 2030, au risque d’excéder la demande et donc de dégrader les prix), alors que même ses supporters reconnaissent que son bilan carbone est médiocre[9], et que ses bénéfices pour la biodiversité sont très modestes mesurés à l’échelle de l’exploitation ou de la région (+4,6 et + 3,1% respectivement)[10]. Cette forme d’agriculture doit bien sûr être soutenue, puisqu’elle répond à une forte demande sociétale, et peut améliorer les revenus des agriculteurs dans certaines filières. Mais il faudrait s’interroger sur le niveau soutenable économiquement sans provoquer une chute des cours, qui affaiblirait encore plus les producteurs bio de l’UE par rapport à leurs concurrents extra-européens.

De façon générale, on note d’ailleurs que ce « Green Deal » agricole ne s’intéresse guère au sort des agriculteurs, auquel il promet bien peu de compensation par rapport aux efforts qui leur sont demandés. Tout comme la loi française Egalim, son principal argument pour eux est qu’il leur permettra de mieux valoriser leur production auprès des consommateurs. Cela veut dire en clair que ce sont les consommateurs qui sont censés payer l’addition finale, en achetant plus cher les produits agricoles européens. Un pari bien risqué, alors que le prix est déjà pointé comme le premier obstacle au développement du bio.

Seul point encourageant pour les acteurs de l’aide à la décision agro-environnementale comme iTK : le Green Deal cite l’agriculture de précision parmi les techniques qui doivent être encouragées pour améliorer la durabilité de l’agriculture, au même titre que l’agriculture biologique, l’agroécologie, ou l’agroforesterie. Mais, comme c’est déjà le cas en France pour le plan Ecophyto, il sera difficile de concrétiser ces bonnes intentions, alors que les règles imposées pour la gestion des intrants nient tout raisonnement agronomique. De plus, il faudra pour cela que les Etats membres ne se laissent pas impressionner par les intimidations des ONG environnementalistes. La FNH s’est déjà insurgée contre cette idée, dans un note intitulée « Green Deal : Le temps est venu de reconnaître que l’agriculture de précision ne permettra pas la transition écologique »[11]et réclame « d’orienter les soutiens publics à venir sur l’agroécologie et non sur l’agriculture de précision ». Le texte de cette note est révélateur des préjugés anti-technologiques qui restent dominants dans le logiciel écologiste localiste, et de l’étonnante confusion entre objectifs et moyens qui y est à l’œuvre : la FNH présente comme « des objectifs chiffrés de lutte contre l’érosion de la biodiversité » le fait de « réduire de 50% l’utilisation et les risques des pesticides de synthèse en 2030 ou encore atteindre 25% de surface agricole utile en agriculture biologique en 2030 ». Qui est capable de dire en quoi ces réductions d’intrants permettraient de réduire l’érosion de la biodiversité en Europe? Et d’estimer leur effet sur les fameuses « importations de déforestation » ? Et sur le bilan carbone de l’agriculture européenne ?

Certes, l’agriculture de précision ne peut répondre seule aux objectifs ambitieux et arbitraires de ce Green Deal : les réductions d’intrants qu’elle permet sont plus souvent de l’ordre de 20 à 30%. Mais à ce jour l’agroécologie est loin d’avoir démontré qu’elle peut faire mieux. Il serait donc bien imprudent de miser sur elle seule pour changer l’agriculture européenne, surtout pour un plan dont les objectifs sont fixés à 10 ans. Enfin, il est étonnant (ou plutôt révélateur) que la FNH oppose l’agriculture de précision et l’agriculture bio : d’un point de vue agronomique, les outils de l’agriculture de précision peuvent parfaitement s’appliquer à l’agriculture bio, pour mieux raisonner l’utilisation de ses intrants. Sur le plan idéologique, c’est une autre histoire…

Les principes affichés dans ce Green Deal devront ensuite être implémentés dans les politiques agricoles nationales. Il reste donc encore un espace de débat pour faire en sorte que ce Green Deal n’entérine définitivement la victoire de l’écologisme  localiste. Il est encore temps d’éviter que les jeux politiques poussent une fois encore à une agriculture plus verte que verte en Europe, alors que l’Amazonie continuera à brûler, en partie pour compenser notre déficit de productivité. Pour cela, il est indispensable que l’Europe comprenne enfin qu’une politique agroécologique n’a de sens, au niveau global, que si elle vise à diminuer notre dépendance économique et écologique envers les pays tiers…et donc à mieux accorder notre capacité de production à nos besoins alimentaires.

 

Philippe Stoop

[1] https://ec.europa.eu/food/farm2fork_en

[2] https://www.ademe.fr/alleger-lempreinte-environnementale-consommation-francais-2030-synthese

[3] https://www.weloveagri.fr/watch?v=TJCdwaVg

[4] https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/une-europe-agroecologique-en-2050-une-agriculture

[5] https://www.academie-agriculture.fr/publications/encyclopedie/reperes/le-rendement-moyen-national-du-ble-tendre-dhiver%0Bfrance-1998-2017

[6] https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal/actions-being-taken-eu/farm-fork_en

[7] https://www6.paris.inrae.fr/depe/Projets/Ecophyto-R-D

[8] https://www.agroeconomie.com/single-post/2020/06/07/Une-politique-agricole-européenne-résolument-verte-virage-prometteur-ou-dérapage-dangereux-?

[9] https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/CP%20ACV%20et%20agriculture%20bio_A%20DIFFUSER_10%20mars.pdf

[10] https://www.nature.com/articles/ncomms5151

[11] http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/green-deal-agriculture-de-precision