La Californie fait face à une sècheresse sans précédent et les autorités ont dorénavant déclarés l’état d’urgence. La demande croissante en eau à des fins urbaines et agricoles impose la mise en place d’une gestion optimisée de cette ressource. Au sein du secteur agricole, l’industrie du vin est largement concernée par cette problématique. Une mauvaise gestion du déficit hydrique au sein des vignobles peut fortement altérer le rendement et la qualité des baies. Différentes stratégies d’optimisation de l’irrigation ont ainsi été développées. L’entreprise itk, créatrice de logiciel d’aide à la décision (OAD), a réalisé une étude comparative (sur une période de 20 ans) entre des approches actuellement utilisées en Californie et les préconisations du logiciel Vintel. Un vignoble de la région de Monterey a été étudié à titre d’exemple.

Le logiciel Vintel a été développé dans le cadre d’un projet collaboratif associant des équipes de l’INRA, du CIRAD, de l’IRSTEA, des caves coopératives languedociennes, de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault et de l’Association Climatique de l’Hérault. Cet outil permet le suivi quotidiennement du statut hydrique de la vigne via la simulation du potentiel de base. Les conseils en irrigation estimés par Vintel ont été comparés à ceux obtenus dans le cadre d’une Irrigation Déficitaire Régulé (RDI) tel que défini par la méthode de l’UC Davis. D’après un rapport de la « California Wine Community », ce type d’approche déficitaire concernerait près de 50% des vignobles Californiens. Cette stratégie se base sur l’application d’un facteur de diminution des apports en eau à certains stades de développement. Seule une partie de la demande évapotranspirative potentielle (ETP) est ainsi satisfaite (i.e. 60% de l’ETP dans le cadre de cette étude). Cette méthode assure un contrôle du volume de la canopée pour une amélioration de la qualité des baies. L’ETP est ici calculée à partir du coefficient cultural et de l’évapotranspiration de référence. Une stratégie d’irrigation non régulé (100% de l’ETP) a ainsi pu être considérée dans l’étude.

Les résultats de cette étude montrent avant tout que la sécheresse observée ces dernières années s’inscrit dans une évolution à long terme. Effectivement, une augmentation graduelle des déficits hydriques sévères a été calculée ces 20 dernières années par Vintel (Figure.1). Cette évolution est problématique pour le maintien d’une production de vin de qualité. Dans un contexte de raréfaction des ressources en eau, il y a donc un réel besoin d’adopter des pratiques d’irrigation raisonnée. C’est un des avantages du développement de pratique telle que le RDI. Vintel se propose d’accroître cette économie via l’implémentation d’un modèle de culture mécaniste. Dans le cadre de cette étude, l’OAD engendre des économies potentielles substantielles (Table.1). Les résultats indiquent que les périodes optimales d’économies en eau sont la floraison et la vendange. Les stades de débourrement et post-vendange sont quant à eux suffisamment approvisionnés par les pluies hivernales. Néanmoins, le régime hydrique durant ces périodes a beaucoup diminué ces deux dernières décennies (cf. données CIMIS), ce qui pourra engendrer des problèmes à venir.

Ces résultats montrent d’ores et déjà que Vintel apparaît pertinent pour une quantification dynamique du statut hydrique du vignoble. Dans ce domaine, les OAD se basant sur des approches mécanistes présentent un avantage décisif.

Marek DUPUTEL & Philippe STOOP

 

Figure1

 

Table2