Le ministère de l’agriculture et le ministère de la transition écologique ont chargé la société ITK, l’ACTA, l’APCA, la Chambre d’agriculture de la Drôme, l’INRAE, Météo France d’organiser un Hackathon (marathon de code sur la durée d’un week-end), pour répondre aux demandes du terrain, de remettre de la science dans le débat et dans les solutions d’aide aux agriculteurs pour anticiper les dégâts des événements climatiques.

Lorsque le gel du mois d’avril 2021 a brutalement impacté les cultures en France, la majorité des agriculteurs du pays n’était pas encore assez bien informée sur les risques auxquels les productions étaient exposées. La prévision du niveau de risque encouru pour chaque parcelle peut effectivement être d’une grande complexité. A ITK, Serge Zaka, docteur en agroclimatologie et les équipes d’Innovation se sont investis pendant un an dans la vulgarisation scientifique auprès des pouvoirs publics et du secteur agricole. Le chercheur – membre du comité d’organisation –  répond à nos questions et nous explique comment l’expertise pluridisciplinaire d’ITK a été clé dans le succès du Hackathon.

 

Quel a été votre rôle pendant le Hackathon ?

Serge Zaka, docteur en agroclimatologie chez ITK.

La coordination opérationnelle de l’événement était assurée par l’ACTA. Mon rôle principal a été dans un premier temps de faire la promotion de l’événement en coordination avec l’ACTA, pour recruter les utilisateurs et faire connaître au plus grand nombre. Cela a été un franc succès car l’événement était complet, nous avions même une liste d’attente. En outre, pendant 3 jours sur place, j’ai pu accompagner les équipes coach technique et scientifique. Cela m’a permis de leur transmettre la compréhension des impacts du climat sur l’agriculture et des outils scientifiques à disposition. Nous avons discuté de l’utilité des projets proposés pour les agriculteurs, pour être le plus efficace possible et avoir des solutions qui soient bien centrées sur des objectifs tangibles d’adaptation et d’anticipation des effets du climat.

Quels ont été les atouts d’ITK pour être si innovant sur l’alerte des dégâts sur les productions ?

SZ : Nous avons su innover dans le couplage numérique des données météorologiques et des stades de développement des végétaux (stades phénologiques). Ce couplage des deux sciences de l’agronomie et de la météorologie, a permis de fournir des informations d’une précision bien plus élevée et avant les autres acteurs de l’agritech.

D’après vous, quelles seront les clés du passage de l’agriculture à la résilience face au changement climatique ?

SZ : C’est assurément la multidisciplinarité des approches : des météorologues, des agronomes, des hydrogéologues, des datascientists, des énergéticiens,  etc. Confronter les connaissances scientifiques de différentes spécialités permet de mieux évaluer l’impact de l’agriculture sur tous les systèmes de l’environnement, d’instituts privés et publics.  C’est ce que nous avons fait dans le Hackathon. Le  numérique a d’ailleurs un rôle important à jouer dans cette transition.

 

 

Avez-vous été surpris par les compétences et les idées des équipes ?

SZ : En effet, j’ai été surpris par la diversité des personnalités et des compétences qui sont venues de toute la France. Il y a eu des informaticiens et des data analystes, qui n’avaient pas de connaissances dans l’agriculture et qui nous ont beaucoup apporté. La prise en main du sujet a été très rapide dans chacune des équipes, bien que les participants ne se connaissaient pas auparavant. Et j’ai été heureux de constater que les participants ont choisis de traiter des problèmes climatiques concrets associés au monde agricole. Le niveau de qualité des applications produites en 48h était au-delà de mes attentes.

En tant qu’agroclimatologue, je suis satisfait de voir que les liens entre le changement climatique et l’agriculture a été mis en avant à l’occasion du Varenne de l’eau à travers ce Hackathon. Il est temps de passer d’une agriculture qui subit les effets du changement climatiques à une agriculture qui anticipe davantage ces risques. L’agroclimatologie est un enjeu d’avenir et représente les métiers de demain.

 


Zoom : « Ce que peut apporter l’intelligence artificielle à l’agriculture » – Clôture du Varenne de l’Eau le 1er février 2022.

Discours introductif de Serge Zaka, lors de la clôture du Hackathon et de la présentation des étapes à venir de la réforme de l’assurance récolte et du système de protection des risques climatiques.

L’étude des événements climatiques extrêmes – gel, canicule, etc. – et de leur incidence sur la production agricole est le propre de la recherche scientifique multidisciplinaire portée par l’agroclimatologie. Anticiper les conséquences du climat sur l’agriculture fait intervenir des innovations numérique, d’intelligence s et nécessite l’utilisation de données météo, de l’agronomie et de la modélisation.

A elles-seules les nouvelles technologies ne peuvent pas résoudre les questions d’impact du climat sur l’agriculture, il est nécessaire avant tout de se pencher sur l’évolution des pratiques agricoles proposées (ndlr : testées et mises en œuvre par les agriculteurs et leurs conseillers) pour l’atteinte d’une certaine sobriété, comme le recommande le rapport du GIEC (2021).

Prenons quelques exemples concrets de l’usage de l’agronomie et de ses modèles agroclimatiques dans l’adaptation de l’agriculture au changement climatique.

Avec l’aide de l’agroclimatologie, il est possible notamment :

  • d’évaluer des pertes de rendement dues à un événement météorologique particulier (orage, gel, etc.)
  • prévoir plus d’une semaine à l’avance, le stress thermique que peuvent subir les animaux d’élevage
  • soutenir l’évolution des pratiques agricoles, pour maximiser le stockage du carbone grâce à la mise à disposition d’indicateurs simples sur la prévision de l’évolution des quantités de carbone dans le sol.

Ce hackathon du Varenne de l’Eau et de l’adaptation au changement climatique, qui s’est tenu dans la Drôme en décembre 2021, a mis en relation de façon conviviale de nombreuses personnes issus de métiers qui n’avaient pas souvent l’habitude de travailler ensemble : data-scientists, ingénieurs agronomes, chercheurs, étudiants, météorologues et agriculteurs. Cet événement d’échanges et de réflexions, qui a rassemblé plus de 50 participants de toute la France, a permis de répondre à des problématiques mais aussi de démontrer le vaste potentiel du numérique dans l’adaptation et l’anticipation des effets du changement climatique. Je vous remercie tous d’avoir mise en avant la science agroclimatique.

Les thématiques de travail ont été très variées, elles ont repris notamment des évaluations de pertes de rendement dues à des ; événements particuliers ; des évaluations de stress hydrique sur les réserves en eau, etc. les projets présentés étaient très riches.

Le Ministère accompagnera dans la phase de maturation les 3 projets lauréats de ce hackathon, pour proposer aux agriculteurs des outils beaucoup plus concrets.

Julien Denormandie, Ministre de l’agriculture -Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK, Jean Castex, Premier Ministre

Tous les travaux du Varenne de l’Eau sont en ligne.